
Le sol abrite un tiers de toute la biodiversité de la planète. Dans une simple cuillère à café, il y a plus de vie que d’êtres humains sur toute la planète. Un chiffre surprenant, si l’on tient compte du fait que nous sommes déjà 7 milliards de personnes. Le sol est composé de 45 % de minéraux, 25 % d’eau, 25 % d’air et 5 % de matière organique. On estime que 68% des terres européennes sont utilisées pour l’agriculture. En Aragon, le pourcentage est de 44%, avec un énorme potentiel économique (l’agriculture représente 5% du PIB aragonais et crée environ 30 000 emplois). Et ce qui est plus important : 95 % de notre alimentation provient de la terre.
Mais chaque année, 50 000 kilomètres carrés de terres arables sont perdus dans le monde, environ le territoire d’Aragon. Les raisons sont diverses : 11 hectares de terre fertile sont scellés à chaque heure en Europe par l’expansion des villes. De plus, 33 % des terres sont modérément à fortement dégradées en raison de l’érosion, de la salinisation, du compactage, de l’acidification et de la contamination chimique.
D’organisations comme la Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avertit que la dégradation “critique” des sols, principale cause de perte d’espèces, met en danger 3,2 milliards de personnes dans le monde et provoquera de grandes migrations d’ici 2050. Les experts disent que nous n’avons que 60 ans de terre arable disponible.
Une couche fertile de seulement 30 centimètres soutient la vie
Dans un mètre carré de jardin de 20 cm. en profondeur il y a 4 milliards de bactéries et champignons, un million de nématodes, un demi-million de flagellés, 200 000 acariens, 100 000 collemboles, 80 000 annélides et 80 vers de terre. Tout un univers d’êtres minuscules grâce auxquels la fertilité du sol est maintenue. Ils travaillent dans différentes couches, comme s’il s’agissait d’une chaîne de montage. Sous une première couche de feuilles et de débris, la décomposition commence, où les bactéries et les micro-organismes broient des substances aussi dures que le bois en une couche d’environ 5 cm. Plus profonde est la couche d’humus, environ 15-30 cm, où les substances ‘digérées’ sont transformées en nourriture que les plantes peuvent prendre. Acides organiques, azote, phosphore…
Ici, les champignons et les bactéries entrent en action qui, fixés sur les racines des plantes, permettent à la racine d’absorber les nutriments. En dessous se trouve la couche minérale, où se trouvent les propres réserves d’eau et de nutriments du sol, comme le magnésium ou le potassium.
Les carences atteignent les fruits et légumes
Contrairement aux méthodes traditionnelles, qui respectaient les cycles naturels et s’appuyaient sur la jachère pour récupérer les nutriments, on compte sur lui pour appliquer des engrais artificiels qui, à de nombreuses reprises, ne peuvent pas être absorbés par la terre et finissent par contaminer les aquifères.
Les légumes ont besoin d’un certain nombre d’oligo-éléments pour pouvoir fabriquer les vitamines dont nous profiterons ensuite. Les êtres humains ont besoin d’au moins 13 vitamines et jusqu’à 60 minéraux. Cependant, les carences du sol dues à une mauvaise gestion agricole vont, avec le temps, rendre nécessaire la prise de compléments vitaminiques artificiels. Si le régime alimentaire est pauvre, des maladies peuvent survenir. Sans cobalt, nous n’aurions pas de vitamine B-12, le chrome permet aux cellules d’utiliser le glucose et le molybdène et le manganèse sont importants pour le fonctionnement des systèmes enzymatiques.
Des plantes qui aident à prendre soin des sols malades
Une étude de l’Institut basque de recherche et de développement a découvert que la combinaison de trois types de plantes qui poussent dans les environs des villes minières aide à nettoyer le sol. L’un d’eux est une vieille connaissance, le ‘Thlaspi caerulescens’ ou herbe alpine, qui est répertorié en Aragon comme espèce menacée et qui est déjà utilisé depuis quelques années pour nettoyer les sols au cadmium. La seconde est la ‘Festuca rubra’, commune dans les prairies aragonaises, notamment dans le milieu pré-pyrénéen, et qui absorbe le plomb. Le troisième est le ‘Rumex acetosa’ ou oseille, très abondant sur les rives des fleuves et qui dans l’Èbre profite des crues printanières pour prospérer.
L’oseille est particulièrement utile pour nettoyer les sols en zinc. Epelde a découvert que planter les trois espèces en même temps a un résultat plus positif que de creuser et d’appliquer des substances de nettoyage. En fait, les plantes s’entraident pour prospérer et certaines, comme l’oseille, absorbent plus de zinc lorsqu’elles sont en compagnie de leurs «amis».
Tout est uni Sous nos pieds se déroulent des histoires d’amour…
La mycorhization est la collaboration entre la racine et les champignons, qui se produit chez 80% des espèces. Grâce à lui, la plante parvient à absorber plus de minéraux, notamment de phosphore, tandis que le champignon obtient du sucre et des molécules organiques de la plante. Un autre “mariage” qui a lieu dans le sol est celui des bactéries et des légumineuses, grâce auquel l’azote de l’air peut passer dans le sol après avoir été converti en ammoniac, qui s’ajoute ensuite à d’autres molécules organiques.. De plus, le ver de terre participe au processus de décomposition et construit des tunnels qui permettent à l’oxygène d’atteindre les profondeurs. Leurs déjections sont le meilleur engrais au monde.